Ecriture et lecture sous la ceinture ?

Vortex a écrit:

Ma relation avec la chose est passionnée, j'aime écrire le sexe, que ce soit l'amour fou, une baise torride, une envolée rocambolesque, une rencontre ratée, ou simplement horrible

Je trouve que c'est précisément ça qui manque dans le traitement qu'en fait la plupart des auteurs aujourd'hui. J'ai l'impression que le sexe est le lieu de tous les fantasmes, et que les auteurs cessent de s'inquiéter du réalisme dès qu'ils écrivent une scène érotique. Et ça rejoint un peu ce que dit Gavroche. En fait, il manque tout un panel de nuances. Tout comme au cinéma, la scène de sexe est utilisée comme "climax" de la tension amoureuse, du coup, c'est très rare que les auteurs écrivent le manque d'envie, les ratages, les couacs. C'est forcément beau, chorégraphié, émouvant, sauvage à la limite, mais mon dieu, surtout ne montrons pas des personnages qui ne se comprennent pas, n'ont pas les mêmes envies ou simplement la même vision de l'acte.

Le seul livre que j'ai lu qui bouleverse vraiment les clichés du genre et jette un gros pavé dans la mare, c'est Sur la plage de Chesil de Ian McEwan. Et pour ça, je vous le conseille à tous ! Julie me l'a fait découvrir et je n'ai pas été déçue du tout. Pour une fois, on y voit le sexe comme une cause de tensions, et enfin, on a un livre qui nous pousse à nous poser des questions sur notre rapport à la sexualité et non pas à accepter simplement les éternelles scènes d'orgasmes répétés.

C'est marrant que tu parles de Calendar Girl, Aracia, car j'ai lu le premier tome hier soir. Je voulais voir s'il apportait quelque chose d'un peu nouveau. Mais au-delà du fait que c'est très mal écrit, je trouve ce bouquin symptomatique d'un rapport vraiment malsain à la sexualité. Je veux dire, la meuf est quand même payée pour coucher, et je trouve ça gravissime d'idéaliser cette situation en nous faisant croire que vendre son corps est une manière totalement naturelle de s'épanouir sexuellement (c'est bien ce qui se passe dans le livre puisqu'elle répète qu'elle n'a jamais pris autant de plaisir dans sa vie ). Pis toujours les mêmes scènes, les mêmes éternelles descriptions, les mêmes codes. C'en devient fatigant. Tout ça pour dire que perso', ça m'attriste un peu de voir que ces bouquins ont autant de succès. Est-ce vraiment de ça que les femmes rêvent ? Être payée pour coucher dix fois par jour avec des gars "à la bite énorme" (je cite ) sans le moindre questionnement sur soi ?

Enfin voilà, moi, ce qui me manque, c'est un peu de réalisme. La littérature est là pour montrer les nuances de l'être humain, la complexité de la vie... et c'est dommage que certains auteurs oublient ça dès qu'ils écrivent une scène érotique.