Le poème court Haïku

Dernièrement, je me suis procuré : HAIKU - Anthologie du poème court japonais, édité chez Poésie / Gallimard. 2002
Choix et traduction de Corinne Atlan et Zéno Bianu

Un peu d'histoire :

Le haïku (俳句, haiku), terme créé par Shiki Masaoka (1867-1902), est une forme poétique très codifiée d'origine japonaise, à forte composante symbolique, et dont la paternité est attribuée au poète Basho(1644-1694).

Le haïku tire son origine du tanka, terme de poésie traditionnelle
japonaise. Il s'agit d'un petit poème extrêmement bref visant à dire
l'évanescence des choses. Encore appelé haïkaï (ou hokku, son nom d'origine), ce poème comporte traditionnellement 17 mores écrits verticalement.

Voile de lune -
une grenouille
trouble l'eau et le ciel

Yosa Buson

*

Jour de printemps -
une seule flaque
retient le couchant

Kobayashi Issa

*

Couvert de papillons
l'arbre mort
est en fleur !

Kobayashi Issa

*

Fête de printemps -
du fond de l'eau
les herbes m'appellent

Fuyuno Niji

*

Dans la fraîcheur
je m'établis -
et je m'endors

Matsuo Bashô

*

Rien qui m'appartienne -
sinon la paix du coeur
et la fraicheur de l'air

Kobayashi Issa

*

Nuit brève -
combien de jours
encore à vivre ?

Masaoka Shiki

*

Le vent meurt -
les herbes
s'habillent de deuil

Aioigaki Kajin

*

Solitude -
après le feu d'artifice
une étoile filante

Masaoka Shiki

*

Peu à peu mes poumons
se teignent de bleu -
voyage en mer

Shinohara Hôsaku

*

La spirale de sa coquille
peu à peu s'accélère -
l'escargot !

Yamaguchi Seishi

*

Première bruine -
j'aurai pour nom
"le voyageur"

Matsuo Bashô

*

Mes larmes grésillent
en éteignant
les braises

Matsuo Bashô

*

Un oiseau d'argile
Posé sur la cheminée:
Fragments de mémoire.

*

Sous le bleu du ciel
L'absence chère a pesé
De son poids d'acier.

*

Les grands sapins bleus
Un émoi parmi le vent:
Bonheur d'être en vie.

*

Échos d'autrefois
Parmi le silence blanc
Et l'aube endormie.

*

Être ce passage
Embouchure et océan:
Éclats dans le soir.

*

Au coeur de l'été
L'angoisse du temps qui passe:
Mémoire d'automne.

*

Roche qui craquelle
Fracture de la douleur
Milieu de la vie.

Silvaine Arabo


Et j'aime beaucoup ceux que tu as postés, Jérôme.

Même si je suppose que ce doit être hyper compliqué de traduire du japonais au français.

Les reflets du soir
sur le ventre de la pie
quand les jours s'allongent

*

La couleur des pivoines
usée par les pluies de mars
Une aube de brume

*

Le braiment d'un âne
s'accroche aux grands peupliers
Est-ce déjà l'aube?
Patrick Blanche

Sa façon à lui de me dire bonjour - Tu veux un café? * Parlant avec l'océan coquillage contre l'oreille - la petite fille. * Méditant sur l'éternité je n'ai pas vu le temps passer. Jean-Louis Bouzou Je les ai trouvés sur Internet, je les ai trouvés superbes.

J'aime bien cette forme parce que j'y retrouve ce que mon écriture n'arrive pas à faire: court et condensé.
Et puis, il y a toujours cette impression d'éphémère.

J'adore cette forme de poésie. J'aime le fait qu'en très peu de mots, on veuille dire énormément de choses, qui parlent aux gens.

Excellent !

Jérôme P a écrit:

Mes larmes grésillent
en éteignant
les braises

Matsuo Bashô

C'est vraiment beau.

Celui là me fait vibrer. J'y perçoit une sorte de solitude habitée.

Une question me trotte dans la tête: y a-t-il des règles d'écriture pour les Haïkus ?

Pour les règles concernant l'écriture des Haïkus, je pense que l'explication sur ce site est très bien faite :

http://pagesperso-orange.fr/dominique.chipot/haikus/conseils.html