La sexualité des personnages

(Beau sujet)

Version brève de ma réponse ;

Comment envisagez-vous la sexualité de vos personnages ? Selon le personnage. Dans la vie, il y a des gens qui sont asexués et d'autres à l'autre bout du spectre pour qui c'est l'unique chose qui compte. Entre les deux il y a des personnages qui ne pensent virtuellement jamais au sexe, pour lesquels il est inutile de créer ce contexte s'il ne se rattache pas au récit, d'autres qui ont des relations conflictuelles avec, ou sont au contraire très épanouis et assumés. Certains ont des critères, d'autres complètement débridés. Pour moi, ces choses vont un peu de soi - comme avec les gens d'ailleurs. C'est la jungle, et le sexe est l'une des choses qu'on y trouve.

Est-ce important pour vous d'encourager la diversité des représentations et comment vous y attelez-vous ? Oui. Ce n'est pas obligatoire mais je pense qu'en tant qu'écriveur il vaut la peine d'étendre nos limites et d'endosser les réalités de la vie projetées dans un cadre fictif. C'est une des forces de l'écriture, chercher une part de vérité de quelque détail parfois infime et de le transposer. Mais je diverge. Pour encourager cela, il suffit de regarder autour de soi, s'informer, et s'imager que le monde que l'on écrit est vivant, riche de cette variété qui fait l'un des principaux intérêts de la société (selon moi).

Comment représenter un personnage asexuel et/ou aromantique dans un roman ? Si sa situation est problématique pour lui, le présenter comme tel. Sinon, faire fit des questions de sexualité, si ça ne tombe pas sur le tapis. Ça peut être le sujet même de l'histoire, ou n'en être qu'un détail banal. Ça peut être fun ou laborieux merde je suis pressé je viendrai écrire la suite later aligator ahabdsvkakv

Je me permets de déterrer ce topic.  

Dans l'une de mes histoires, j'ai une tueuse en série un peu particulière. Je précise que cette particularité n'est pas du tout liée à sa sexualité ou à son orientation romantique. Elle rencontre quelqu'un et certains indices montrent qu'elle se lie à ce jeune homme. Je pense que les lecteurs vont même s'imaginer qu'elle découvre l'amour. Or, ce personnage est aro ace. S'il est vrai qu'elle éprouve un attachement sincère pour lui, et c'est même la première fois qu'elle arrive à tisser un lien avec quelqu'un, ce n'est pas de l'amour tel qu'on le conçoit dans les romances.

Mon problème, c'est que je ne sais pas comment dire aux lecteurs que non, il n'y a pas d'histoire d'amour ici. En plus, il y a une dimensions très symbolique au personnage du jeune homme ainsi qu'à ce qui va lui arriver. Je devrais faire du show don't tell pour montrer ce que je veux dire, mais tout ce que j'arrive à montrer, c'est justement le fait que ma tueuse s'attache à lui. Et je ne me vois pas faire dire, à elle ou un autre perso, qu'elle est aromantique. Elle-même ignore ce que c'est, ne s'intéressant pas aux orientations romantiques (ou sexuelles). De plus, l'histoire se déroule en 1980-1981. Déjà qu'aujourd'hui, beaucoup de gens ne connaissent pas les termes d'asexualité et d'aromantisme, comment cela pourrait-il couler de source pour mes personnages ? Je ne veux pas non plus balancer cette information par le biais d'un narrateur omniscient.

En fait, j'aimerais bien que les lecteurs comprennent, en lisant entre les lignes, mais c'est mal parti. Ce que j'ai écrit va dans le sens de ce que la plupart des gens imaginent : des sentiments pointent le bout de leur nez, donc forcément c'est une romance. J'ai écrit récemment une analyse concernant ma tueuse, expliquant ce qu'elle ressent, notamment pour le jeune homme, et pourquoi elle agit comme elle le fait avec lui. Seulement, c'est évidemment un texte que je ne vais pas ajouter en annexe de mon roman. J'ai envie de faire passer les informations de cette analyse, mais comment le faire sans être lourde ? Et comment montrer à la fois l'attachement de ma tueuse (qui pour le coup découvre vraiment ce qu'est l'affection envers autrui), et son aromantisme ?

Je devrais peut-être expliquer ça dans le deuxième (et dernier) tome. Dans celui-ci, on retrouve un autre personnage du premier tome qui est assez perspicace et fin psychologue. Je lui ai déjà fait comprendre certaines choses. D'ailleurs, il dit à un moment qu'il soupçonne la tueuse de ne pas connaître le sentiment amoureux. Cette mention suffirait-elle ? Seulement, il dit cela dans le tome 2, et même si je parvenais à faire éditer mon tome 1, je n'ai aucune garantie que les lecteurs voudront lire la suite. Cela m'ennuierait qu'ils se fassent des idées sur les réels sentiments de ma tueuse, et qu'ils ne sachent pas le pourquoi de ses actions.

En même temps n'est-ce pas l'un de aspects les plus fun de la lecture, se faire des idées ?

Tu pourrais en tout cas évoquer sommairement ces observations à travers les réflexions de ta tueuse elle-même, peut-être ?

Un sujet intéressant, ça c'est sûr.

Vortex a écrit:

En même temps n'est-ce pas l'un de aspects les plus fun de la lecture, se faire des idées ?

Pour le lecteur, sûrement. Mais en tant qu'auteure, ça me dérange de ne pas pouvoir transmettre ce que je voudrais, et surtout qu'on se fasse de fausses idées sur mes personnages. Ca me donne l'impression qu'on les oblige à porter un déguisement, que ce ne sont plus vraiment eux.

Vortex a écrit:

Tu pourrais en tout cas évoquer sommairement ces observations à travers les réflexions de ta tueuse elle-même, peut-être ?

C'est une idée, seulement elle a d'autres choses en tête, des trucs qui l'obsèdent. En plus, la situation dans laquelle elle se trouve est vraiment compliquée, si bien qu'elle ne peut pas se poser pour réfléchir à tout ça. Elle a conscience qu'elle apprécie beaucoup le jeune homme, et sait pourquoi, par exemple, elle refuse de le revoir, même si ça la fait souffrir. Mais elle donne sa priorité à son objectif. A un moment, elle s'interroge très brièvement sur une réaction qu'elle a eue lorsqu'il a été mentionné, puis elle enchaîne aussitôt sur le but qu'elle s'est fixée.

Vortex a écrit:

Un sujet intéressant, ça c'est sûr.

Je suis d'accord.

Compliqué ton problème en effet... C'est sûr qu'en 1980 ce serait bizarre que tes personnages aient déjà entendu parler d'aromantisme, et ce n'est pas évident de montrer une orientation qui consiste en l'absence de quelque chose. Le plus simple ça aurait été qu'elle s’interroge sur ses ressentis ou en discute avec quelqu'un, mais si dans sa situation ce n'est pas possible, eh bien j'avoue que je ne sais pas trop quoi te dire pour t'aider.

C'est pas grave, merci d'avoir répondu.

Je finirai peut-être par trouver une solution, dans le tome 1 ou le tome 2.