J'ai juste suivi un nuage.

Des nuits d'orients, de mystères ébènes c'est difficile quand on est une dune de se présenter avec sincérité.

D'abord et surtout, car il existe mille dunes semblables, parfois indifférenciables. Et que parfois la dune solitaire se questionnera sur sa propre nature. Est-elle vraiment unique comme on s'échine à lui faire croire ? Des grains de sable, elle a en des milliers : de son enfance rurale à ses voyages entamés dés sa majorité. Constante fuite. Perdition à lier. Les vents la portent, la déforment, la détruisent parfois... Irrémédiablement elle finit par se poser et par redevenir simple dune. Épaisse. Ronde. Difforme. Des qualités en défaut. Elle n'est que sable et de l'aveu de son marchand : un peu rêveuse. Mais le rêve n'est pas la vie et la dune doit se confronter aux vents et à la perdition.

Un jour, la dune croise un nuage : comme elle, il est intangible. Flexible. Changeant. La dune tombe un peu amoureuse mais comprend finalement que le nuage est ancré au ciel, là elle n'est que terre. Les deux dialoguent pourtant, s'aident, se tiennent la main quand les vents de la réalité les chassent. Un jour la dune s'échoit dans l'appartement parisien du nuage : des gros sacs de voyage parsèment la pièce, le nuage s'en va demain. La dune est dans sa zone de confort : tout change pour ne rien changer. Et la complainte de la dune trouve oreille attentive et cotonneuse chez le nuage : elle n'est pas chez elle dans ce pays. Comme un carré dans l'hexagone. Elle voudrait parler le langages des nuages, mieux le maitriser.

— Je connais un endroit. lui susurra alors le nuage.

Un arbre où les oiseaux s'échangent leurs plumes et où le nuage à séjourné un temps, infime mais confortable. Et la dune se dit que parler avec des oiseaux, c'est bien là le meilleur moyen de parler aux nuages. Alors elle toque chez cet arbre à oiseau et espère avec amitié que le mystère entourant la dune suffira à combler les becs des oiseaux. La dune nait du mystère après tout.